Critique Ciné | Kingsman : The secret services

A mi-chemin entre parodie et véritable hommage aux grands films du genre, Kingsman nous fait explorer le monde fun de gentlemen’s plutôt barges, toujours à la recherche de la dernière mission la plus périlleuse pour sauver le monde. Eloignez de vous l’image d’un Alex Rider V2 ou d’un Cherubb porté au cinéma. Le film n’a pas ce côté ados espions malgré eux, comme le laissaient entendre les bandes-annonces, bien qu’il y pêche quelques idées. Faisons le tour de ce film plutôt sympa, qui aurait toutefois pu faire mieux.

Kingsman : services secrets. Rien que le titre un peu potache nous ferait croire à un film sorti dans les années 80’s. Mais bien qu’il pioche pas mal d’idées de ce côté-là, le film parvient à amener une véritable fraîcheur, notamment dans le traitement de son sujet. Comme dit plus haut, et c’est là son principal défaut, Kingsman voyage en permanence entre parodie savoureuse et hommage de grande classe. Matthew Vaughn perd son spectateur sur le ton qu’il essaye de prendre tout au long de son métrage, laissant présager au départ à une douce moquerie ; que ce soit du grand méchant un peu con sur les bords, à l’espion au charisme total en toutes circonstances, ou encore aux dialogues un peu limites. Puis laissant place à un ton beaucoup plus sérieux avec ses gentlemen’s corrigeant tous les défauts précédemment cités (sauf le méchant). On est donc perdu entre un film pour gosses un peu clownesque, puis un film pour adulte avec ce que cela comporte de démembrements, de décapitations, et autres joyeusetés assez tarantinesques dans l’âme. Mais je vous laisse la surprise pour les autres types de morts, qui valent leurs pesants de cacahuètes pour certains cas.

Bref, je citais donc une fraîcheur dans le film, mais qui se retrouve donc bien dans le côté sérieux du film. En effet, on retrouve des classiques : le costume trois pièces, la montre gadget, le Martini savamment dosé…le tout sur des musiques rock bien sympa. Cet univers viendra se mélanger avec celui du personnage principal, jeune homme de la banlieue, avec tout ce qu’il comporte comme clichés, habillé en jogging Adidas, et en baskets, qui défie les forces de l’ordre sur de la musique électro. Le scénario nous raconte aussi le passage de ce jeune en véritable homme, qui devra apprendre les normes de conduite d’un gentleman. Sa métamorphose est très bien faite, et l’union des deux styles est assez jouissif.

Notons à ce stade que le jeu des acteurs est très bon dans l’ensemble. Colin Firth est très bon dans son rôle. Agent chic et beau, assez protecteur, mais qu’il ne faut pas venir emmerder. Taron Egerton est aussi une belle surprise, sauf au début. Son personnage assez convenu est énervant lorsqu’il parle comme un jeune de banlieue. Mais sa transformation à la fin est superbe. Par contre, nous y voilà enfin, le Bad Guy du film. Je ne sais pas trop s’il est une simple parodie du type de personnage qu’il représente, mais à force de se moquer très explicitement du méchant des films d’espionnages, on se dit que même ici, ils ne savaient pas quoi inventer. Le personnage de Samuel L. Jackson est insupportable. Son comportement, ses costumes, son cheveu sur la langue, surtout en VF (oui oui, j’ai vu ce film en VF) qui est juste lourdingue. C’est un personnage qu’on a voulu rendre archétypale, mais le coche est manqué. A force de vouloir trop jouer le côté nanar de ce qu’il représente, le grand méchant est raté. Quant à Michael Caine…que dire ? Simplement que je ne suis plus étonné de voir sa tronche dans un film pareil ! Comme quoi, le rôle d’Alfred dans les Dark Knight lui colle encore à la peau. Quant au reste du casting, il est très correct. Avec une mention spéciale pour Sophie Cookson.

Niveau scénario, ne vous attendez pas à de la grande innovation. Comme le réalisateur tente de parodier le genre, il le fait également à travers son scénario. Vous retrouverez tous les éléments clés qui font d’un film d’espions, un film d’espions. Scène d’ouverture explosive, satellite qui menace la planète entière, la découverte des gadgets, …Tout ça, c’est du déjà vu, mais au final, l’ensemble tient la route, et Matthew Vaughn parvient à faire un bon condensé en deux heures de tout ce qui devait se retrouver à l’écran. Toutefois, la fin risque fort d’en surprendre plus d’un. On se retrouve face à un énorme carnaval de couleurs, de musiques en tous genres, et de whatthefuckeries. C’est très second degré, presque le dénouement d’une série B, mais l’humour est omniprésent. On adhère ou pas, c’est selon les goûts.

Techniquement, le film est superbe. Ça ressemble à beaucoup de grands blockbusters, mais les scènes de bastons sont filmées avec beaucoup de dynamisme et de fluidité, comme on peut le voir dans les différents trailers. Le plan séquence dans l’église est juste à couper le souffle. Franchement, c’est à se demander comment ils ont fait. En tous cas, c’est sur vitaminé et ça rend vraiment bien à l’image. Le spectateur est pris dans toute cette splendide folie, sans être perdu. Les compositions musicales sont elles aussi très soignées. Elles ne renouvellent pas le genre, mais rendent plutôt bien compte de la folie ambiante à certains moments. La fin toutefois, en pâtit. C’est brouillon, ça part dans tous le sens. Mais une fois le climax passé, on peut reprendre son souffle.

Kingsman est donc dans l’ensemble très correct. Malgré un manque de ton qui se fait ressentir, et quelques allusions très explicites des films du genre, qui deviennent vite très redondantes et gonflantes, le film fait l’apogée du fun, pour servir sur plateau d’argent un produit assez nerveux, excitant, et punchy pour le spectateur. C’est donc un bon moment à passer entre potes, mais si vous chercher un futur chef-d’œuvre, passez votre chemin !