Critique Ciné | Le Labyrinthe

Hunger Games, Divergente, Snowpiercer. Mais aussi des grands classiques, tels que : Blade Runner, Metropolis, Orange Mécanique, Matrix, ou encore Wall-E. Vous aurez bien deviné que tous ces films ont un point commun : leur histoire est basée sur une dystopie.

Vous n’avez jamais entendu ce mot ? Un rapide cours de rattrapage s’impose, pour ceux qui ne savent pas ce que c’est ! Une dystopie est au départ une œuvre littéraire, narrant une histoire fictionnelle, qui se déroule dans une société à la recherche du bonheur, mais dont les idéaux ont virés au cauchemar. Adieu Thomas More qui avait imaginé une société ‘parfaite’ dans son ouvrage Utopia : ici, l’utopie n’est jamais atteinte, et ne nombreuses personnes en souffrent. La dystopie est au départ une œuvre censée être une critique des idéologies mal mises en place. On considère qu’elle est née aux alentours de 1920 (et à cette date, je vous le rappel, la première Guerre Mondiale vient de se terminer). Aujourd’hui, la dystopie est presque devenue un phénomène de mode, qui n’est toutefois pas à prendre à la légère. Même si le but est de faire des sagas qui plaisent aux « young adults », les œuvres n’en sont pas moins engagées.

Mais c’est bien du dernier film dans la lignée dont nous parlerons ici, à savoir : Le Labyrinthe, de Wess Ball. Je tiens à commencer en précisant que le livre dont est issu le film : L’épreuve : Le labyrinthe, n’est pas qu’une vulgaire copie d’Hunger Games, comme peuvent le penser de nombreux fans envieux de défendre leur petit protégé. En effet, L’épreuve tome 1 est sorti en 2006, tandis qu’Hunger Games venait d’être acheté par une maison d’édition. Bref, deux concepts identiques, mais à identifier séparément !

Commençons donc par son histoire ! Dès le premier plan, nous sommes directement dans le vif du sujet. Car on démarre par l’arrivée de Thomas, le protagoniste, dans « le bloc », le lieu où tous ces jeunes se retrouvent enfermés. On entre donc aussi simplement dans le point de vue du héros. On est aussi naïf que lui, on est piégés avec lui, et on découvre en même temps tous les principes du Labyrinthe. Le film est riche en rebondissements, et est très bien rythmé. On évolue avec Thomas dans les méandres de ce qui s’annonce être une énigme géante.

Toutefois, il aurait été plus intéressant de donner des conflits plus difficiles à résoudre, au sein de ce groupe de survivants. Quand les choix se résument à « On est avec ou contre lui et ses idées ?», on aurait aimé voir plus d’enjeux dramatiques, quelque chose de plus dangereux dans leurs relations. Les dialogues ne sont pas nuls, mais ne volent pas bien haut dans les réflexions. C’est simple, voire trop simple. Et on aborde là un sujet à débats. Selon moi, les films de ces derniers temps pour « Young adults » sont trop normalisés. Il n’y a jamais de dialogues qui nous maintiennent en haleine, en tension forte. Il y a une simplification des enjeux, comme s’il fallait rendre le tout plus facile à comprendre pour les jeunes. Mais là où ils pensent bien faire, ils se trompent. Nous ne sommes pas dupes, nous ne sommes pas cons ; nous voulons du sensationnel (autre que celui de la mort d’un personnage ou les effets spéciaux). Bref, petit coup de gueule, mais rassurez-vous, le film n’en devient pas moins intéressant.

Revenons donc sur le point de vue adopté. Nous sommes donc à la recherche d’indices avec Thomas, dans l’immensité de ce labyrinthe. Pas d’issues, oppressés par ces murs géants. On est comme écrasés par leur taille. Le fait de ne mettre aucun plan d’ensemble sur tout le labyrinthe, ou de top-shot (vue du dessus à 90°) sur l’entièreté de ce dédale, contribue à nous faire ressentir cette perte d’espoir, par moments, des héros. Nous sommes coincés avec eux.

Et ce labyrinthe…quel labyrinthe fantastique ! Véritable personnage à lui tout seul, il est comme un monstre immense, de fer et de sang. Il remue, grince, gémit et craque. Il émet toute sortes de sons mécaniques et organiques. Il est fascinant et horrifiant à la fois. Il contribue à lui seul à faire taire les moins courageux. Bref, une très bonne mise en image et sonorisation de ce qu’il devait être et qu’il est à l’écran.

Bien sûr, vous savez tous que ce labyrinthe est garni de monstres. Les Griffeurs. Bien fichus, comme sortis d’un jeu Doom, ils font partie intégrante du labyrinthe. Ils sont comme ses enfants. Mi-monstres, mi-robots, ils sont aussi effrayants qu’ils ont une sale gueule. On aurait toutefois bien aimé voir un bestiaire un peu plus varié, pour rendre la progression des héros plus compliquée. Mais j’imagine qu’ils n’ont fait que respecter le livre sur ce point.

Côté du casting, on retrouve quelques têtes connues. Comme Dylan O’Brian (Teen Wolf), Kaya Scodelario (Skins), Thomas Sangster (Nanny McPhee), Will Poulter (Narnia : L’odyssée du passeur d’aurores), ou encore Aml Ameen (Le majordome). Soit des acteurs qui ne sortent pas de nulle part. Et même si certains ont une filmographie peu garnie pour l’instant, il faut avouer qu’ils jouent dans l’ensemble tous très bien. Mais le plus embêtant, c’est que peu de personnages ressortent au final du lot. Ils ne sont pas tous très intéressants à suivre, et ne marquent pas les esprits par leur présence à l’écran. Peut-être est-ce dû à cette simplification du scénario, qui aurait donc fatalement une incidence sur les personnages. Dommage.

Pour ce qui est de la soundtrack, là aussi il n’y a pas ce qu’il faut. On sait qu’elle est présente, elle souligne les moments nerveux, les moments tristes, les moments de conflits, mais à la sortie de salle, on ne s’en rappelle déjà plus. Il y avait largement de quoi faire pour un film de cette envergure, mais John Paesano n’a pas réussi à faire ce que l’on était en droit d’attendre de sa part.

Le labyrinthe est donc au final une bonne dystopie. On ne sait pas encore tout sur son univers, mais on se doute que toute cette machinerie cache bien des choses. On a hâte d’en savoir plus. Malgré quelques ratés au niveau du film, l’ambiance générale est bien posée. On suit cette aventure avec plaisir, même si plusieurs points pouvaient être plus soignés. Je n’ai effectivement pas beaucoup parlé du livre, mais comme je me le dis souvent : il faut savoir juger une adaptation en tant que film, et non pas en tant que ‘bête’ mise en image d’un livre. Penser à cela pourra peut-être éviter à quelques fans du livre d’adopter un comportement différent à la vue du film, plutôt que de passer son temps à se dire : « Oh, ils ont oublié tel passage !», « Je m’imaginais Thomas autrement », … Bref, jugez le film en tant que tel ! On attend la suite impatiemment !

(N.B. : la suite sortira en 2015, sous le nom de « The Scorch Trials »).

 

Remerciements à : Laura Tchartorijsky et Alessia Ticco.

Bande-annonce -> http://youtu.be/Kj9Pnvv-jC8