Critique Ciné | Hunger Games: La Révolte

Le Teenage Movie est aujourd’hui un genre de plus en plus répandu. On l’associe maintenant souvent à une saga pour ados, adaptée de romans de jeunesse cultes, comme Harry Potter, Twilight, ou encore Divergente. Ce système devenu aujourd’hui victime de lui-même, doit faire de nombreux efforts pour tirer son épingle du jeu. Quand certains se ramassent de beaux échecs au Box-Office (The Mortal Instruments, Beautiful Creatures, Les âmes vagabondes, pour ne citer qu’eux), nous ne pouvons qu’applaudir le succès de Hunger Games, que je trouve personnellement mérité. Cette conclusion en deux parties fait donc honneur au reste des films ? Et surtout, parvient-elle à respecter l’œuvre de base en l’adaptant au grand écran ?

Hunger Games, c’est avant tout une saga ficelée d’une main de maître par Suzanne Collins, en complète adéquation avec son temps. Il s’agit à nouveau d’une dystopie, qui n’hésite pas à faire une analyse complexe de notre époque, usant avec subtilité l’art de la métaphore, des symboles cachés et de la caricature. La trilogie littéraire nous livre une merveilleuse critique des dérives de notre société au travers de nombreuses thématiques aussi diverses que fortes, laissant au lecteur un impact émotionnel puissant, pour peu qu’il fasse l’effort de creuser dans cette vaste mine un peu plus en profondeur. Il ne s’agit pas que d’un simple roman fantastique et de science-fiction, mais presque d’un roman d’anticipation.

La saga cinématographique adapte avec brio l’ensemble de ces idées, sans les entraver ou les ternir. Les moments forts sont parfaitement retranscrits à l’écran. On se rappellera la séquence du barrage dans la partie 1, où de nombreux rebelles reprennent la chanson de Katniss. Véritable chant révolutionnaire, il contraste avec la brutalité de la séquence.

Rassurez-vous la deuxième partie a aussi son lot de moments forts. Les lecteurs seront peut-être moins surpris s’ils viennent de finir le tome 3, car tout se retrouve dans le film. Seuls quelques dialogues me semblent avoir été rajoutés et à la vue de la qualité de ces répliques, il n’est pas étonnant de voir le nom de Suzanne Collins apparaître au générique. Elle aurait grandement participé à l’adaptation de son roman.

Le jeu d’acteur aide aussi. On retrouve un Josh Hutcherson plus fou que jamais et une Jennifer Lawrence convaincante de bout en bout. Pour les autres, c’est toujours un plaisir de les retrouver ! Haymitch (Woody Harelson), le président Snow (Donald Sutherland) presque plus effrayant que le Joker, Effie Trinket (Elysabeth Banks), Johanna Mason (Jena Malone), et tous les autres sont toujours aussi bien interprétés.

Si les films respectent entièrement les livres dans leur scénario, c’est véritablement au niveau de la forme que le film a dû faire preuve de créativité. Il faut en effet parvenir à distiller l’émotion ressentie dans les mots, avec des images et des sons. Et là encore, plus que dans les deux précédents films, le résultat est à la hauteur des attentes. Certains diront qu’il s’agit d’un énième blockbuster sans approche originale. Certes. Mais si on y regarde de plus près, tout est parfaitement maîtrisé.

Prenons par exemple la scène du mariage dans la deuxième partie, tout simplement bluffante. La musique et les danses joyeuses finissent en moment intime aux accents tragiques. Le silence se fait petit à petit et l’arrière-plan devient flou. Le message est clair pour celui ou celle se souvenant de ce qui va suivre.  Le climax est également très percutant, lorsque l’on découvre Katniss de dos, marchant sur l’allée des tributs, pour aller exécuter Snow. Déterminée et froide, elle a déjà fait son choix. La musique des tambours est sourde et violente. Elle a changé par rapport aux Jeux, le pouvoir a été renversé. J’en frissonne encore !

On saluera aussi le choix de ne pas toujours mettre l’action en avant, comme ce fut le cas pour la destruction de la mine dans la partie 2. On reste proche de Katniss, dans son point de vue. Elle veut échapper à la vision horrible de la guerre, malgré qu’elle soit forcée d’admettre l’existence de victimes collatérales.

S’il y a bien quelque-chose qui risque de diviser, c’est la fin. Il s’agit de bien faire les choses pour conclure une saga de quatre films tout de même. Je vois déjà des avis en tous genres à ce propos sur internet. Personnellement, je la trouve très belle, même s’il aurait fallu, selon moi, conclure deux à trois scènes plus tôt. En enlevant l’aspect « Ils eurent de nombreux enfants, et vécurent heureux… » pour se concentrer sur d’autres messages plus forts, comme cette scène où Peeta plante des Primeroses. Fin. L’impact est plus puissant et le message est clair.

L’évolution entre les deux parties du dernier chapitre de Hunger Games ne se fait pas que visuellement. On pourra notamment entendre une différence dans les magnifiques compositions musicales de James Newton Howard. Tandis que les musiques étaient dans la première partie plutôt axées sur les chants révolutionnaires et doux, la deuxième partie dévoile des musiques plus féroces, de véritables musiques de guerre. Des chœurs s’élèvent lors de certains affrontements et les tambours du Capitole résonnent de manière plus violente. On est réellement immergés au cœur du conflit. Mais d’autres musiques plus douces annonceront aussi des moments plus tragiques (on peut notamment entendre le chant révolutionnaire remanié sans voix). Effet garantit.

En dehors de cela, on pourra retrouver quelques thèmes récurrents de la série. Dont un que l’on avait pu entendre dans le premier volet, lorsque Peeta et Katniss se retrouvent ensemble dans une caverne. La musique se fait entendre à nouveau dans ce quatrième volet, lors de déchirants adieux entre les protagonistes. C’est beau, c’est puissant, c’est grandiose.

Avant de conclure ma critique, j’aimerais revenir sur une question qui fait forcément débat : celle de la séparation en deux parties du tome 3. Les arguments sont tous très bons dans leur ensemble, que ce soit du côté « pour » ou du côté « contre ». Je suis aussi généralement de l’avis qu’une séparation en deux films, c’est simplement une idée marketing de plus. Car en soit, le tome 3 n’est absolument pas plus long que les autres. C’est faire débourser aux fans deux fois le prix du billet d’entrée, sans compter les DVD et autres produits dérivés. Mais (il y a forcément un « mais »), je dois avouer être pleinement satisfait de l’adaptation de ce troisième tome. Selon les souvenirs que j’ai gardés du livre, il me semble que rien ne manque (peut-être juste un ou deux détails). Et en plus de ça, ils ont réussi à rajouter des éléments qui, au contraire d’un certain Labyrinthe 2 (je vous renvoie pour ça à ma critique), viennent enrichir le film dans son ensemble, que ce soit le rythme ou le background des personnages. Les intentions sont donc plus que louables et, je le rappelle, Suzanne Collins n’était jamais loin. Alors oui, je me dis qu’au final, ils ont bien fait de faire les choses séparément.

« Hunger Games : La Révolte » est donc une réussite pour moi à bien des niveaux. Il frôle la perfection. Je ne vais pas vous cacher que je suis un énorme fan des romans à la base. Peut-être vous direz-vous que mon jugement a de ce fait été biaisé, mais je sais porter un regard objectif sur un film, même si l’objectivité n’existe pas vraiment.

Je recommande donc sans hésitations cette magnifique conclusion, si toutefois vous avez déjà été satisfaits par les précédents films. Les autres sont évidemment invités à découvrir toute la saga.

Ma note Senscritique: 9/10

Remerciements: Laura Tchartorijsky